Les
dieux jouent aux dés
sur les épaules dun baigneur en celluloïd
tirer au flanc de la tourterelle
ou gober un satellite
alors même que la marée ressasse
Les dieux jouent aux dés
sur le dos des horloges à cristaux liquides
téléphoner une réponse pilate
ou pisser dans la bakélite
alors même que les violons rêvassent
Les dieux jouent aux dés
sur les gros orteils écaillés des caïds
siffler des vers-prose-élite
se trémousser la barique
alors même que les pets qui roulent samassent
Les dieux jouent aux dés
sur la rate des derniers rejetons androïdes
que ce qui perdent rient
se greffer des yeux de gazelle
ou voler à la tire
alors même que la marée ressasse
Lisières
retenu
en lisière pour une question de réponse
je préfère
être un horaire griffoné dans la marge
se cacher sous sa frange pour lécher ses cils
se dénoyauter en gare de triage
passionément
toqué
plutôt que
poussé au précipice pour un vice de fronce
je mimmisce
un pur sang pris pour une alouette
réfléchir dans le miroir de poche de Jean
et frivole en saut libre plumer la luette
passionément
toqué
plutôt que
attiré à la frontière pour un flag de quinconce
je coopère
aurore couchée sur papier vergé
posture postale recto verso fi
je cachette sans larme ni colle
passionément
toqué
plutôt que
^
Mektoub
Elle est
courte
foetu de paille
tirer la langue
ou la longe
piqué au vif
ou à loeil
mauvais oeil
mes ouailles
Mest avis
quà pépier
épépiner la peine
dans les ravines, le monde tourne mal
Epies que divine germe une graine...
Que les torrents de larmes nassèchent que les haines !
Mektoub
le monde tourne
ouï dire quil tourne mal
Se poser sur la branche
ôter dun doute
et retenir ce qui arrange
coûte que coûte
la paille
dans loeil du voisin
Mest avis
que gavé
galvanisé
ou à jeun, le monde est malade
Epis de famine, livraie se ressème...
Que les lits de limons enfantent dautres salades !
Mektoub
le monde tourne
ouï dire quil tourne mal
^
Glisse
Glisse,
glisse
à sy méprendre
effarée, Farah git
froide comme une pizza
en boule et quon la gnaque
à faire le porc-épic
ou faire la belle agape
Glisse, glisse
à sy méprendre
désinvolte Birgitt
à lembrasure dune porte
à veiller sur ses nuites
cohortes cohortes
Glisse, glisse
à sy méprendre
mûre et muette
Pierrette
écartée écarlate
armure ouverte et moite
écorchée de soie mate
à sy méprendre
Glisse, glisse
^
Reine
Dépossédée
de son Poseïdon
Reine crache du fond de laquarium
et repeind sa moquette au gel à barbe, de peine,
hisse le rasoir sur le fil du sujet
puis sparadrap de repentir, à tirer
nue éthérée, au risque de passer par lécumoire
elle croque la queue dun radis sur le bord de la baignoire
hétéroclite au risque de noyer le poisson
sengloutie et glisse dans la gueule du triton
Si Reine... est dépossédée de son Poseïdon
qui sût susciter ses tempêtes et ses orages
au désespoir soutenu par des houles
à faire jaillir sa source
intempestive Reine
posée sur lé-dre-don !
^
Comme
les cheveux
Je msuffoque
dans la foule
sempiternelle perle à rebours
faut que jprévienne lorage
«orage !»
les vents remontent à la surface
chassent, accourent et rebroussent létoile
les cieux semmèlent, le ciel samasse
les cheveux sattachent ou bien, comme tout, restent lâches
jremonte la pente aux origines
des pêcheurs à la ligne
penchés sur lparapet de la grandmezzanine
au bout du bout de lâme sont
les temps impartis dorgueil et dorgie
bondés de vide
ceux-là même qui sméfient dun rien sur
létiquette
ou prônent crânement les sauts
à lélastique ou...une barette?
les cheveux sattachent ou bien, comme tout, restent lâches
au saut des draps
jmemboite le pas
rattrapé par lécuyère
au fond dun bol dair
la terre me tourne
boule précaire
lportrait tout craché
auto-immunitaire
pour finir en beauté au bout de quelques heurts
dénoué de justesse par une sale bonne humeur
les cheveux
sattachent ou bien, comme tout, restent lâches
^
Les
jours
Les jours
gavés sengorgent, un bavoir autour du courage
et désespoir des mélanges oxydables, humidité/pétard
Le rouge gorge fiente en vol sur les lieux communs...
encore
tièdes ou même chauds
Les yeux trouvent-ils toujours les mots?
Les jours...
rivés à leur feuilleton, lpoing dans lcul
dun poulet
la farce se prépare pour bien se mettre à table ou confir
en beauté
le calendrier fait des dates où lon peut voir la mer,
Les yeux trouvent-ils toujours les mots?
Les jours saffalent dans les draps pâles des géants
du meuble
et regardent dune succursale passer les trains qui beuglent
lpassage à niveau déborde enrhumé lgarde
barrière
...
souvent trop peu ou bien trop
Les yeux trouvent-ils toujours les mots.
^
Petit
fruit
Peux-tu
croire?
Etre la même à lombre
ou sur le bout des doigts
ou sur larbre ou qui tombe
gorgée de chaleur ou de fièvre
retournée ou bien fendue en croix
entre les dents ou sur les lèvres
petits
fruits défendus
Peux-tu croire?
Reconnaître
ce goût
si sucré et acide
terrible et comestible
à même les gencives
comme sur la défensive
Peux-tu croire?
la peau mûre, la verdeur
si corrosive et délectable
chaude et sauvage au coeur
sur la terre ou sur le marbre
petite figue
petit fruit défendu
...Toise le soleil
sous ses paupières violettes
...
sa peau blanche arrache des petits frissons...
^
Zinnia
Enjambe
les ronces, Zinnia
ou renonce au volubilis
qui se hisse
une fleur mâle à la bouche
petit oiseau mouche
puisse-t-il du calice
Zinnia
mêle ancolie amaryllis
tige farouche
sureau distille
verge dor tremble
semonce
ortie rouge ou mignardise
osier renouée
au fond des iris
Zinnia
angélique ou aristoloche
Zinnia
amour en cage
^
Boucanier
Végéter
dans le bon sens du thème
tout droit vers le ciel
charmer le serpent
délicatement sourdre
un petit creux dans le dos, des dents
expert expier autrement le trouble
que déployer des yeux de boucanier
Une joue balafrée par léquateur
souligner lodeur
dune nuit si reine
aspirant garder
un serpent dans le calme des veines
ce luxe pour longtemps et volupté
que déployer des yeux de boucanier
Eclaircir des fièvres imaginées
dun sursaut écailler la mer bleue
Terre(!) sous le ciel comme une bavure
te prendre et te donner, te donner
et te prendre locéan un peu
tout noyé comme une autre nature
de boucanier
...
... éclaicir une nuit...
... ce luxe dans le dos...
... locéan des veines...
... déployées
^
Les
fées qui signorent
Pour un
tapis volant
combien de doigts de fées
Les fées qui signorent nouent des rêves dors
et déjà tapis dans la gorge, vagabondent et forgent
du bout de leur coeur les tapis de fleurs,
trament en douce les tapis de mousse
ourdissent de mèche les tapis de neige
et reportent ceux de feuilles mortes
tapis à points noués
tu portes les prières
porte les prières tues
comme rêver
dêtre des fées licites, corps et ailes du logis
secouant des tapis de liesses, nourrissant insouciantes chattes
gros oiseaux siffleurs, kyrielle de poupons, de rires et de blattes
les fées
qui signorent
en ont plein le dos de se chercher des ailes sous les omoplates
Les fées qui signorent nouent des rêves dors
et déjà tapis dans la gorge...
tapis à points noués
tu portes les prières
porte les prières tues
tapies,
tapies, tapies
comme rêver
dêtre grande pour avoir des valises à roulettes
... et les trainer sous les yeux couverts de masques à rats
le long de boulevards intérieurs tous phares des voitures amulettes...
les fées
qui signorent
en ont plein le dos de se chercher des ailes sous les omoplates
et met
une question sur le tapis doux
avant que les doigts se nouent
Pour un tapis volant
combien de doigts de fées
pour un tapis volé
combien de doigts denfants
^
Jeu
du portrait
Où le joueur doit deviner le nom dune
personne en posant des questions
auxquelles on ne répond que par oui ou non.
Envoyez moi une
nouvelle question qui pour vous évoque le mieux
la personne qui vous est la plus chère pour peaufiner ce portrait
saugrenu de lamour...
Est-ce
un joueur de graines-dés ?
A-t-il une barbe brumeuse ?
Mange-t-il les têtes de moutons ?
Ravale-t-elle ses rêves ?
Porte-t-il un tatouage ?
Lit-elle des romans damour ?
Joue-t-il du djembé en dansant ?
Est-il un voyageur de nuit ?
Est-ce quon le prend vraiment pour une truffe
côté bricolage ?
Dort-elle dans le métro un sourire aux
lèvres ?
Pêchait-il à la traîne ?
A-t-elle indéfiniment une indéfrisable
?
A-t-il tenté sa chance rue de la charbonnière
?
Serait-elle
partante sur une île déserte ?
Quelle constellation relie ses grains de beauté
?
Les chansons sentimentales lui
remplissent les yeux de larmes ?
Est-elle une fée qui s'ignore ?